Dans le monde du cloud et des services informatiques, des mouvements stratégiques peuvent parfois provoquer des remous considérables. Broadcom, un acteur majeur dans ce secteur, a récemment pris une décision qui a envoyé des vagues de choc à travers sa base de clients. En remplaçant un arsenal de 168 logiciels VMware par deux uniques bouquets de licences de location, orientés autour des suites VCF et VVF, Broadcom a déclenché une protestation notable parmi ses utilisateurs. Cette action est perçue non seulement comme une simplification excessive mais aussi comme un levier pour une hausse tarifaire exorbitante, jusqu’à douze fois les prix initiaux selon certaines évaluations du CISPE.
La réponse de l’Europe et de la coalition des clients
Face à cette mutation radicale proposée par Broadcom, une coalition s’est formée. Les opérateurs cloud, notamment ceux regroupés au sein du CISPE, ainsi que quatre associations de DSI à travers l’Europe, et spécifiquement le Cigref, ont fait entendre leur mécontentement. La Commission européenne elle-même, vigilante en matière de pratiques anticoncurrentielles, a initié une enquête dès la fin de l’année 2022, questionnant l’effet potentiellement restrictif que l’acquisition de VMware par Broadcom pourrait engendrer sur le marché.
La migration vers d’autres horizons
Le marché réagit rapidement et les mécanismes de l’offre et de la demande s’ajustent en conséquence. Les clients, insatisfaits de la proposition de Broadcom, se tournent désormais vers d’autres fournisseurs. Citrix, Microsoft, Nutanix et Red Hat, entre autres, ont commencé à proposer des alternatives viables aux solutions de VMware. Le cas de l’éditeur français Vates est particulièrement parlant ; la hausse des téléchargements de son hyperviseur open source XCP-ng témoigne d’un intérêt croissant pour des solutions hors du giron de Broadcom.
La position de Broadcom face aux critiques
Malgré la grogne montante, le PDG de Broadcom, Hock Tan, défend sa nouvelle politique commerciale. Il met l’accent sur le coût-efficacité des solutions VCF, affirmant que celles-ci sont proposées à des tarifs bien plus avantageux que les précédents. Cependant, cette position est vigoureusement contestée par la coalition de clients, qui fait valoir que la complexité et l’opacité tarifaire s’éloignent des promesses de simplicité et de transparence du cloud computing.
Le marché du cloud est en pleine mutation et se trouve à un carrefour stratégique délicat, marqué par des tensions entre la logique commerciale des fournisseurs et les attentes des clients en termes de prix et de qualité des services. La situation actuelle suggère un équilibre précaire, la nécessité d’une réglementation plus ferme et l’émergence d’alternatives potentiellement bénéfiques pour le consommateur final.